École Nationale Supérieure de
Techniques Avancées

Résumé

J’ai effectué mon stage de fin d’études à l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), au sein de l’unité de recherche pluridisciplinaire SAD-APT. J’ai été encadrée par Pierre Levasseur, un économiste du développement spécialisé dans les questions de nutrition et de santé au Mexique, et mon sujet d’étude a été des déterminants socio-économiques de l’obésité et du surpoids en Afrique sub-Saharienne. Mon stage s’est déroulé en deux étapes : l’élaboration d’une revue de la littérature puis la réalisation d’une analyse économétrique originale sur le lien entre le statut socio-économique et la masse corporelle pour les femmes entre 18 et 49 ans. Une tendance à l’obésité se dessine à l’échelle mondiale. Le sous-continent sub-Saharien, longtemps seulement cantonné aux enjeux de la dénutrition, commence à faire face au « double fardeau de la malnutrition », c’est-à-dire à la présence simultanée de dénutrition et surnutrition à différents niveaux (pays, localité, ménage). La transition nutritionnelle théorise ce changement de la consommation alimentaire et des dépenses énergétiques, coïncidant avec des évolutions économiques, démographiques et épidémiologiques. Ainsi, certains auteurs mettent en avant le fait que lorsqu’un pays atteint un certain niveau de développement économique, le nombre de personnes présentant un excédent de masse corporelle augmente. Cette augmentation du surpoids et de l’obésité présente des conséquences économiques directes, en termes de santé publique, mais aussi indirectes, comme par exemple une baisse de la productivité. En outre, l’excès de masse corporelle peut être déterminée par des variables économiques telles que le statut socio-économique. Ce lien n’est toutefois pas totalement spécifié, comme le montre l’ambiguïté qui existe au sein de la littérature Ma mission s’est axée autour de cette vision générale. Ainsi, j’ai tout d’abord réalisé une revue de la littérature existante sur le sujet du lien entre le statut socio-économique et la masse corporelle en Afrique sub-Saharienne. Les principales conclusions de cette revue ont été qu’un changement est en train de s’opérer, au vu du nombre croissant d’articles présentant une relation non-significative ou non-linéaire entre les deux variables d’intérêt, notamment parmi les pays à revenu intermédiaire inférieur de l’Afrique sub-Saharienne. Néanmoins, de nombreuses limites méthodologiques, empiriques et quantitatives sont à souligner au sein de la littérature. Après être arrivée à ces conclusions, je me suis familiarisée avec la base de données Demographic and Health Survey, qui propose des données d’enquête démographiques, de santé 51 et de nutrition représentatives à l’échelle de la nation, sur de nombreux pays et pendant plusieurs vagues d’enquête. Après avoir créé une métabase réunissant les données anthropométriques et socio-économiques de femmes non enceintes et non allaitantes âgées de 18 à 49 ans de 36 pays d’Afrique sub-Saharienne entre 1990 et 2019, j’ai pu tester les hypothèses soumises à la fin de la revue de la littérature. Ainsi, j’ai implémenté deux modèles de régression (un par la méthode des moindres carrés ordinaires et un par la méthode de la variable instrumentale), pour dessiner puis inférer une relation causale entre le statut socio-économique et la masse corporelle. En utilisant l’éducation comme indicateur du statut socio-économique, j’ai obtenu une relation en forme de U-inversée, mettant en évidence l’émergence d’une classe moyenne plus probable d’être en surpoids. En utilisant la richesse comme indicateur du statut socio-économique, la relation demeure plus ambigüe, possiblement suivant la forme d’un N. Le travail mené présente des limitations techniques, comme par exemple ne pas avoir pris en compte l’hétérogénéité des pays de l’ensemble de la sous-région sub-Saharienne ou la difficulté de trouver des instruments adéquats, mais aussi temporelles. Je n’ai, par exemple, pas eu le temps d’approfondir la relation pour certaines catégories, tels que les femmes vivant en zone urbaine ou les femmes issues de pays à revenu intermédiaire inférieur. Ainsi, l’étude de ce sujet pourrait être approfondi par des recherches futures. Néanmoins, ce stage m’a donné une vision complète du travail de recherche, pour lequel j’ai développé une appétence particulière.